Rester en veille : première étape pour faire un bilan prospectif
Pour bien débuter un bilan prospectif, il faut rester en veille sur son environnement. Une entreprise n’existe pas seule, indépendamment de tout autre facteur. Quand elle agit ou quand elle prend une décision, cette dernière impacte ses parties prenantes, son microcosme.
La Base vous explique pourquoi et comment rester en veille.
Ce trimestre, La Base vous propose donc un nouveau thème : Faire un bilan prospectif.
Les deux termes peuvent sembler antinomiques. En effet, faire le bilan, c’est regarder vers le passé. Alors qu’avoir une démarche prospective, c’est anticiper l’avenir. Pourtant, ce que nous vous proposons en cette fin d’année, c’est d’allier les deux pour bien préparer 2023.
Et pour cette démarche, un peu particulière mais extrêmement importante pour l’entreprise, nous vous proposons de travailler sur trois niveaux. Tout d’abord, nous nous pencherons sur l’environnement de votre entreprise. Puis, nous vous proposerons de vous pencher sur votre entreprise en tant que telle. Et enfin, nous vous enjoindrons à vous prendre en compte, vous, en tant qu’être humain à part entière qui a, bien sûr, un rôle prépondérant au sein de l’entreprise en tant que pilote de cette dernière.
Pour bien positionner l’entreprise dans son environnement, sans à priori ni faux semblant, nous vous proposons de vous appuyer sur une démarche de veille active. Mais comment fait-on pour rester en veille ?
Mettre en œuvre une démarche de veille
En premier lieu : s’appuyer sur PESTEL
Cette méthode a été créée par un professeur d’Harvard, expert en stratégie et management : Francis Aguilar. Elle a ensuite été approfondie, complétée et modifiée par d’autres auteurs dans les années 80. En tous cas, elle reste le point de départ idéal pour rester en veille. Ainsi, cet outil stratégique permettra à votre entreprise d’identifier les éléments susceptibles d’impacter son activité sur l’ensemble de son écosystème. Il vous faudra donc investiguer 6 champs : Politique, Économique, Sociologique, Technologique, Environnemental et Légal.
Sur chacun de ces six champs, vous irez chercher les sujets à surveiller. Soit parce qu’ils vous semblent relever d’une potentielle opportunité de business. Soit parce qu’ils pourraient devenir une menace pour votre activité. Ainsi, nous regardons bien ce qui, présentement, risque d’impacter l’avenir de l’entreprise telle qu’elle existe et a existé depuis son démarrage.
Ensuite : prioriser
Une fois les sujets « sensibles » définis, vous allez accumuler de la donnée. Comment les clients perçoivent cette nouvelle donne ? Comment vos concurrents ou de nouveaux entrants se l’approprient ou la contournent ? Quelles sont les propositions de vos fournisseurs ?
Bref, toute une masse d’informations qu’il vous faudra chercher, stocker, recouper … afin de vous faire une idée un peu plus précise du niveau d’impact potentiel sur votre entreprise.
Et quand ces notations seront établies, il sera plus facile pour vous de prioriser vos pistes d’actions. En sachant, bien sûr, que vous pourrez opter pour différentes stratégies : tout miser sur une piste délaissée par vos concurrents pour vous démarquer, mettre le paquet sur de la recherche & développement pour ajouter de la valeur à votre produit … Mais comme vous ne pourrez pas tout faire, il vous faudra commencer par prioriser.
Enfin : agir avec des objectifs SMART
Vous avez défini vos priorités et votre stratégie générale. Il vous faut maintenant mettre en place un plan d’actions avec des objectifs SMART. S’ils sont « intelligents » (SMART en anglais), c’est surtout parce qu’ils sont clairement établis et répondent à un cahier des charges précis.
En clair, chacun d’eux doit être Spécifique, Mesurable, Atteignable mais Ambitieux, Réaliste et Temporellement défini par une deadline (voire tout un calendrier d’étapes).
Depuis quelques temps, les stratèges ont ajouté deux lettres à ces objectifs pour les rendre SMARTER (encore plus intelligents en anglais toujours). Car ils doivent également être Évalués et Réajustés régulièrement pour rester « à jour ».
La veille n’est donc jamais finie… Et, elle repose toujours un peu sur le passé, ce futur que l’on essaye d’anticiper mais qui vit sa propre vie et donc que nous devons sans cesse surveiller.
Une veille est donc une boucle infinie. Il vous faut donc faire très attention à ne pas vous laisser engloutir par ce process sans fin, l’infobésité actuelle et les incertitudes perpétuelles face à l’avenir. Il est fréquent qu’en voulant aller trop vite, en voulant en savoir toujours plus ou en attendant d’avoir un système parfait de collecte, de partage … les entreprises se fassent dépasser par cette veille et abandonnent. Nous vous proposons ici quelques astuces pour rester en veille sans être enseveli par les données et tétanisé par l’ampleur de la tâche.
Rester en veille – nos astuces
Rester en veille sur une information précise : pourquoi ?
Avant de sélectionner une information à surveiller, de la noter sur l’échelle d’impact, de la mettre dans vos priorités d’attention … Demandez-vous pourquoi ? Pourquoi est-elle importante ? En quoi peut-elle impacter l’ensemble de mon business et mon entreprise en particulier ? Pourquoi elle et pas une autre ?
Ce pourquoi, une fois clairement défini, exprimez-le et notez-le.
En effet, une fois que la collecte d’informations sera lancée, il vous permettra de garder le cap et de ne pas dériver dans la masse de données obtenues. Il vous permettra aussi de réajuster vos objectifs si jamais le risque ou le potentiel pressentis ne sont pas au rendez-vous.
Organiser votre veille concrètement
Avant de vous éparpiller, faites une liste de votre procédure de veille sur chaque sujet. Comment pouvez-vous répondre au sujet, quels « sous-sujets » / mots clés devront être tagués et suivis ? Où allez-vous rechercher et qui allez-vous suivre en tant que spécialiste du sujet ou influenceurs de tendance dans ce sujet ? Sur quel critère allez-vous juger de la pertinence du propos recueilli ? Quel budget êtes-vous prêt à allouer sur votre veille ? Et à quelle fréquence allez-vous vous pencher sur les données collectées ?
Il faudra ensuite décider où vous allez stocker les données, comment vous allez les classer, les relier entre elles et si vous allez les diffuser. Si vous souhaitez les partager, allez-vous le faire dans leur entièreté ou sous forme d’une analyse déjà avancée et compilée. Qui aura le droit de voir votre veille, pourra la compléter, l’amender, la synthétiser, la partager ?
Bref, éditez des règles pour ne pas vous perdre en route. Et pas d’inquiétude, vous pourrez toujours les changer ou les contourner puisque ce sont les vôtres. Mais au moins, vous le ferez en toute connaissance de cause et pour une bonne raison puisqu’elle sera conscientisée.
Analyser ! C’est la seule manière de rester en veille efficacement
Collecter de la donnée, de nos jours, c’est extrêmement facile. Internet est accessible à tous, partout et tout le temps.
Mais gardez bien en tête que ceux qui réussissent leur veille, ne sont pas ceux qui ont le plus gros disque dur ! Ce sont ceux qui savent recouper les informations, les vérifier, les assembler et surtout les analyser.
La valeur ajoutée de votre veille, sa raison d’être principale et unique même, résidera toujours dans cette étape fondamentale. Si vous analysez mieux la situation que vos concurrents ou si vous mettez ensemble des signes ou des technologies que d’autres n’auront pas eu l’idée d’associer vous aurez un avantage concurrentiel indéniable, une avance peut être inestimable.
Rester en veille, c’est aussi passer à l’action
Une fois l’analyse des données faites, il vous faudra agir. A un moment, il vous faudra prendre la décision d’arrêter d’élargir le sujet, d’approfondir vos connaissances, de lier les informations entre elles et vous lancer. Pour cela, un conseil : utilisez une méthode visuelle. Synthétisez à l’aide d’une mind map ou d’un tableau coloré votre cheminement. Au centre votre entreprise, puis les 6 champs d’investigations, chacun ayant ses propres sujets à surveiller. Chaque sujet à surveiller doit avoir ses propres mots-clés, ses propres approfondissements. Mais le schéma s’arrête à cette étape et chacun de ses approfondissements doit être condensé pour être lisible sur un post-it.
Une fois cette étape réalisée, vous prenez du recul et priorisez les trois points à suivre absolument immédiatement selon vous et les trois points à suivre de près. Les autres seront simplement des signaux à écouter, de loin en loin.
Sur chacun des six sujets « prioritaires », écrivez un pitch qui devra contenir le pourquoi (astuce 1) et la méthode (astuce 2). A la suite de quoi, vous définirez un seul objectif (version SMARTER) par sujet.
Et voilà, il semblerait que vous ayez votre plan d’actions pour l’année prochaine !
A retenir pour rester en veille efficacement :
Une veille est un processus qui peut paraître long et fastidieux. Sans fin et faisant une part trop importante à l’incertain. Mais ne vaut-il pas mieux essayer d’anticiper les risques plutôt que de les subir de plein fouet ?
Comme toute démarche dans une entreprise, elle doit être structurée et régulièrement remise en question pour être efficace. Et surtout, rappelez-vous : faire de la veille, dans l’absolu c’est facile. Faire une veille efficace, l’est beaucoup moins. La valeur d’une veille, c’est bien l’analyse ! Et pour l’instant, seul un (ou plusieurs) cerveaux humains peuvent le faire.
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